AFFRONTEMENT
Avant de sortir du tunnel, Lotpak ralentit et commença à parler à ses amis.
-« Nous ne pouvons pas nous permettre un affrontement direct avec les forces Sapik, nous ne sommes pas assez nombreux. Les informations que nous détenons sont cruciales pour le KUG. Il va falloir ruser pour rejoindre le vaisseau. Arold, tu seras nos yeux. Il faudra que tu prennes de la hauteur et que tu nous informes des déplacements de l’ennemi. Il faudra aussi que tu lances la procédure de décollage du vaisseau à distance dès que nous serons tous à l’intérieur. Nous devrons décoller rapidement. Rusky et Kiro, vous resterez près de moi. Nous allons essayer de contourner leur section sans nous faire voir. Préparez-vous au combat si ça dérape. »
Arold sortit le premier. Il activa le mode furtif du droïde et disparut. Lotpak prit la tête du petit groupe, ses lunettes de vision nocturne sur le visage et armes à la main. Rusky enlaça Kiro, ferma quelques secondes les yeux et Kiro passa du rouge au noir. Il se fondait dans la nuit noire.
Les deux cents mètres qui les séparaient du vaisseau étaient devenus une bien longue distance pour nos amis. Bien que quelques monticules rocheux se trouvaient sur leur trajectoire et pouvaient leur permettre de se dissimuler, le retour au vaisseau semblait une mission impossible.
Arold leur indiqua que cinq guerriers Sapik avançaient vers leur position. Trois autres soldats se détachèrent du groupe et prirent la direction du vaisseau. Il fallait faire vite. Ils allaient être pris au piège.
Lotpak courut en direction du vaisseau avec pour premier objectif le rocher se trouvant à une quarantaine de mètres, première protection sur leur chemin. Rusky et Kiro le suivaient de près.
Les premiers tirs des Sapik fusèrent mais ratèrent leurs cibles. Il ne restait que quelques mètres avant qu’ils puissent se protéger. L’aube commençait à se lever et leur nouvel abri se révéla être une structure de grande taille qui n’était pas naturelle. C'était le corps d'un animal couché sur le sol avec une tête humaine coiffée d'un némès.
Rusky prit son arc et sortit les flèches de son carquois. Elle décocha la première flèche vers sa cible, mais l'armure du soldat Sapik le plus proche dévia la trajectoire sans même avoir été entaillée. Rusky sortit deux couteaux luisants que lui avait donnés Lotpak quelques heures auparavant. Le soldat Sapik venait d'épauler son arme pour tirer quand Kiro passa entre les jambes de celui-ci, enroula sa queue autour de la cheville de l'assaillant et continua sa course en avant. Le soldat s'étala sur le sol. Rusky bondit sur son dos et trancha les tuyaux lui permettant de respirer, reliant son casque à son armure. En un instant, le soldat ne bougea plus.
Rusky n'était plus elle-même, elle était en transe. La fureur avait envahi ses yeux, le lien qu'elle avait avec Kiro jouait un rôle funeste. Lotpak avait déjà bondi par-dessus le soldat gisant au sol. Il lança une grenade sonique en direction des quatre autres ennemis. L'explosion fit tomber les deux premiers Sapik à la renverse et ils ne bougèrent plus. Les deux autres, cinq ou six mètres plus loin, avaient fait apparaître un bouclier et restaient debout. Lotpak déclencha la sortie de deux lames sur ses avant-bras et continua sa course en avant. Arrivé à pleine vitesse devant sa cible, il se jeta pieds en avant, glissa sur le sable, tacla la jambe gauche de son assaillant. Le temps que le Sapik comprenne ce qui lui arrivait, Lotpak trancha les tuyaux de la même manière que Rusky et se releva en un instant.
Le Sapik restant avait déjà rangé son bouclier et sorti une arme de poing lumineuse pour tirer sur Lotpak. Mais subitement, l'arme s'enraya et ne semblait plus alimentée. C'était l'occasion que Lotpak attendait pour profiter de ce moment de flottement. En trois pas, il fut devant le dernier Sapik du groupe, esquiva le poing qui venait vers lui, donna un grand coup de pied sur le côté du genou du Sapik, le fit tomber à terre, passa dans son dos, lui fit une prise d'étranglement et sectionna les tuyaux avec son bras libre.
Ils devaient continuer et ne pas s'arrêter là.
Le deuxième groupe de Sapik s'approchait du vaisseau, les trois amis se remirent en route sans se retourner. Ils n'avaient plus que 50 mètres à parcourir pour atteindre le vaisseau. Mais c'était trop tard. Les trois Sapik leur bloquaient la route. L'un d'eux semblait plus imposant, avec une armure d'un noir ébène, tandis que les deux autres portaient la même armure rouge que ceux qu'ils avaient rencontrés quelques minutes auparavant. Arold demanda à Lotpak de courir en direction du groupe sans avoir peur. Cette fois, c'était lui qui les protégerait. Rusky cligna des yeux, Kiro se transforma en la bête qu'ils avaient croisée lors de leur première rencontre. Il était impressionnant, passant de la taille d'un petit singe à celle d'un tigre adulte d'une couleur de peau violine (violet foncé), presque noire et luisante. Lotpak tenait une arme dans sa main droite et un bouclier se matérialisa sur son avant-bras gauche. Rusky fit de même et se prépara à courir.
Le Sapik imposant s'avança lentement vers eux, son armure brillant sous les rayons du soleil naissant. Lotpak fit signe à ses amis de se tenir prêts et prit la parole :
-« Nous ne voulons pas de problèmes, nous voulons juste quitter cette planète en paix. »
Le Sapik répondit d'une voix gutturale : « Vous ne partirez pas d'ici. Vous êtes les ennemis de notre empire et vous serez éliminés. » Les trois héros commencèrent à courir vers le vaisseau. Les guerriers Sapik les mirent en joue, mais Arold, descendant des cieux, se matérialisa soudainement et sortit de son mode furtif. Ses réacteurs propulsèrent du sable en tous sens, créant un nuage dense et aveuglant qui engloba les trois Sapik. Aveuglés et surpris, ils ne virent pas les trois amis les contourner, mais sentirent les coups dans leur dos. Kiro avait percuté le premier garde à pleine vitesse et l'avait laissé au sol, blessé par ses griffes. Rusky, genoux en avant, avait percuté le dos du second guerrier et l'avait fait tomber, mais celui-ci se retourna rapidement, pointant son arme en direction de Rusky. Rien ne sortit de son canon, et il n'eut pas le temps de réfléchir : il fallait finir le combat rapidement. Deux pas de plus, et Rusky aurait pu en terminer, mais c'était déjà trop tard. Kiro avait déjà piétiné le soldat et arraché les tuyaux avec ses crocs.
Lotpak avait ciblé dès le départ le mastodonte en armure noire, qui ne devait être que le commandant de cet escadron. Contrairement à ses deux gardes, le commandant avait anticipé et se retrouvait face à face avec Lotpak. Il n'avait pas d'arme apparente et ne semblait pas avoir peur. Lotpak cria à ses amis d'aller dans le vaisseau et de se préparer au départ. Rusky et Kiro hésitèrent un instant. Kiro tournait sur lui-même, ne semblant pas comprendre l'ordre de Lotpak, mais il rejoignit rapidement Rusky pour entrer dans le vaisseau. Arold se mit sur le côté mais ne suivit pas l'ordre.
Le soleil allait apparaître à l'horizon, et la tension était palpable. Le Sapik prit les devants et, sur sa jambe droite, une poche métallique s'ouvrit. Il y mit sa main et en sortit un bâton lumineux qu'il pointa rapidement sur Lotpak et tira. Une enveloppe protectrice se matérialisa sur le corps de Lotpak, déviant la trajectoire du laser. Arold venait de sauver notre héros en faisant apparaître cette protection. Le commandant allait tirer une deuxième fois quand son arme se désactiva. Cette fois, Lotpak comprit rapidement que c'était Arold qui l'avait aidé auparavant.
Lotpak pointa son arme sur le Sapik, mais d'un geste de la main de celui-ci, il fut désarmé. Lotpak se jeta sur le commandant, et le combat en corps à corps commença. Il était plus petit et plus rapide que son ennemi, mais il ne fallait surtout pas que son adversaire l'attrape ou que l'un de ses coups le touche, sinon son avantage ne serait plus. Toutes ses années d'entraînement et ses capacités exceptionnelles allaient être la clé de ce combat. Lotpak tournait autour de son adversaire en évitant les tentatives de coups du Sapik. La première minute du combat permit à Lotpak de repérer quelques failles dans la défense de son adversaire. Il bloqua ses appuis au sol, baissa son centre de gravité et se propulsa vers l'avant. Il attrapa les deux jambes de son adversaire. Celui-ci perdit l'équilibre et se retrouva à terre. Sans plus attendre, Lotpak se releva et se replongea sur le haut du corps du Sapik, lui assenant des multiples coups de coudes et de poings. Pour se protéger, le commandant fit une erreur. Il voulut ramper et se dégager, mais son dos se retrouva à découvert. Lotpak sortit le couteau placé le long de son mollet et sectionna les tuyaux. Le commandant ne bougea plus.
Lotpak se releva, enleva la poussière sur son pantalon tout en fixant les corps sans vie de ses ennemis. Sur le dos de la main du commandant Sapik se trouvait un objet, une pierre translucide, maintenue par trois chaînes. Deux rejoignaient des anneaux sur le majeur et l'annulaire, et une était accrochée à un bracelet à son poignet. Lotpak s'approcha et prit l'objet. Il ne savait pas exactement ce que c'était, mais ce n'était pas un simple ornement. Il devait avoir une utilité, et il découvrirait ce que c'était. Il fallait partir maintenant, ne pas rester sur place. Lotpak et Arold montèrent à bord du vaisseau, et celui-ci quitta la Terre.
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