RUSKY WILDERS part 2
Perdu dans ses pensées, seul aux commandes de son vaisseau, Lotpak se demandait si enfin il pourrait rencontrer une civilisation qui pourrait se joindre à leur combat. Le manque croissant de soldats commençait à se faire sentir et les forces du KUG, bien que vaillantes, ne pouvaient soutenir les attaques incessantes de l’empire SAPIK. Il fallait trouver des renforts… Et rapidement.
Cette mission était faite pour lui. Grâce à ses excellents résultats aux tests d’aptitudes, ses démonstrations de combat au corps à corps, mais aussi le maniement des armes de tous types, il n’avait reçu de la part de ses instructeurs que des louanges. Le mot le plus souvent entendu à son propos sur les bancs de l’académie était « exceptionnel ». Il n’était pas une personne comme les autres, il pouvait mémoriser un livre en un rien de temps, reproduire à l’identique les mouvements de défense et d’attaque dès sa première visualisation. Le maniement des armes et le pilotage n’étaient qu’une formalité pour lui. C’est ainsi qu’au vu de ses résultats, il eut un entretien avec le grand commandement des forces KUG. Et à la sortie de celui-ci, un sourire se dessinait sur son visage, il savait qu’il avait obtenu la mission la plus recherchée: partir en totale autonomie dans son propre vaisseau à la recherche de potentiels alliés.
Quelques heures après son départ, à bord de son vaisseau, programmant encore les différentes trajectoires alternatives pour sa destination finale, une voix sortit de la carcasse de son vaisseau et prononça les mots « trajectoire erronée » par deux fois. Surpris, Lotpak se retourna rapidement se mettant en posture de défense, cherchant un quelconque indice lui permettant de repérer un mouvement suspect… mais rien d’anormal n’avait attiré son regard perçant. Après quelques instants, immobile, à attendre que sa proie se montre, il se demanda si son cerveau ne lui jouait pas des tours. Il décida de se replonger dans ses calculs quand cette même voix, cette fois, prononça une phrase sur un ton apaisant.
-« Bonjour Lotpak, je m’appelle Arold et je fais partie de ton vaisseau.»
-« Qui êtes-vous ? Montrez-vous ! » s’emporta Lotpak.
-« Malheureusement je ne peux pas, je ne suis qu’une copie de la conscience de mon créateur. Il m’a transféré dans ce vaisseau juste avant sa mort, ce qui a mis fin prématurément à ses jours, mais qui l’a rendu, d’une certaine façon, immortel.»
-« Une intelligence artificielle ?»
-« On peut dire ça…, j’étais ingénieur et scientifique en chef au centre de commandement.»
-Lotpak, interloqué: « Mais les IA sont interdites depuis 10 ans dans les vaisseaux, elles sont trop instables. Et je n’ai jamais entendu parler de ce genre de procédé de transfert.»
-« Je ne suis pas comme les autres, je ne l’ai jamais été… fais moi confiance et je te serai d’une grande aide dans ta mission. Mais cela doit rester entre nous car aller à l’encontre du conseil KUG est sévèrement puni et s’ils venaient à le savoir, cela entraînerait mon extinction.»
-« Dans ce cas, montre-moi mon erreur sur la trajectoire et je ne dirai rien !»
De son côté, Rusky, après des heures d’exploration dans la forteresse de la Guilde X sans trouver âme qui vive ni même un peu de nourriture, était exténuée, à bout de forces. La solitude lui pesait mais ce n’était pas le plus important, il fallait survivre ! La vision des cadavres éparpillés sur le sol la hantait encore, des dizaines de questions se bousculaient dans sa tête, «pourquoi ce K.O ? Pourquoi la guilde X était-elle partie si précipitamment ? Pourquoi nous avoir abandonné à notre propre sort ?» Il fallait agir, trouver un moyen de s’échapper de cette planète transformée en cimetière géant et devenue extrêmement inhospitalière. [18:19] Les couloirs de la forteresse étaient sombres, les quelques lumières éclairées étaient vacillantes et clignotantes, le sol était jonché de papiers et de débris rappelant une fuite soudaine.
Tant de pièces restaient inaccessibles, peut-être de la nourriture dans l’une d’elles, mais il n’y avait aucun moyen d’y accéder. Il fallait continuer à chercher coûte que coûte, ne pas se laisser aller et sombrer dans le désespoir. Au détour d’un couloir, semblant mener tout droit aux vaisseaux restants de la flotte de la guilde X, un courant d’air fit tourbillonner les papiers posés sur le sol et des vibrations commencèrent à se faire ressentir, un bruit sourd commençait à se répandre et les vibrations se transformèrent en tremblement.
Rusky stoppa sa progression brusquement, se précipita sous une arche qui semblait être un abri plus adapté et attendit que le calme revienne. Des gouttes de sueur perlaient sur son visage, ses yeux étaient en mouvement rapide cherchant une sortie accessible, tous ses sens étaient en éveil.
Après avoir revu ses trajectoires, Lotpak passa en distorsion spatiale afin de rejoindre sa destination le plus rapidement possible: la planète Wilder.
Il avait déjà tout planifié, sachant que la planète était habitée par 3 groupes distincts, 3 guildes nommées X, K et Y. La guilde X avait le plus gros potentiel, sa population était plus nombreuse, son niveau technologique était le plus avancé et des contacts avaient déjà été pris en vue d’une probable coopération. Rien n’était fait, mais une aide importante de leur part pouvait changer la donne. Il fallait que cela marche, il fallait que cette alliance se concrétise.
En orbite basse de la planète Wilder, Lotpak avait donc préalablement rentré les coordonnées de l’astroport de la forteresse. Arold lui, avait confié, qu’étant une sorte de programme, il pouvait prendre le contrôle du droïde volant accompagnant les explorateurs dans ce genre de missions. Il serait donc à ses côtés lors des négociations. Ses demandes de contact pour l’atterrissage n’obtenaient aucune réponse, quelque chose n’allait pas ! Il fallait se rendre absolument sur la planète pour concrétiser cette alliance et demander l’aide de la guilde pour retrouver un très ancien sanctuaire. D’après les érudits du KUG, des secrets concernant les SAPIK pouvaient y être cachés. L’astroport était désert tout comme la forteresse qui l’abritait. Lotpak et Arold partirent en exploration, ils savaient que cette mission ne serait pas celle attendue.
Dans la pénombre des couloirs, Lotpak ressentit un déplacement d’air très léger et fut surpris par un grondement assourdissant. Quelques secondes plus tard, les murs se mirent à trembler, de la poussière se mêlait à l’air ambiant et en une fraction de seconde, il se jeta sous une arche afin de mieux se protéger. Dès que la poussière retomba et lui laissa quelques mètres de visibilité, il vit en face de lui un être accroupi, tête baissée semblant se protéger comme il pouvait. Ne sachant pas s’il devait avoir confiance en cette personne, ces premiers mots furent assez brusques.
-« Qui êtes-vous, que faites-vous là ? »
Surprise d’entendre une voix, Rusky sursauta et bondit sur ses jambes, elle pointa Lotpak du doigt.
-« Non vous! Qui êtes-vous ? Vous êtes un étranger, répondez ! »
Lotpak se leva lui aussi. Ne ressentant pas de réel danger, il voulut répondre, quand au même moment, au fond du couloir, les murs se mirent à exploser. Arold arriva d’un vol saccadé tout en clignotant et hurlant:
-« il faut partir maintenant ! »
Rusky tout aussi surprise de l’explosion à quelques dizaines de mètres d’eux, attrapa Lotpak par le bras et l’entraîna dans la direction opposée. Se retournant rapidement, Lotpak aperçut une énorme bête les poursuivant, une sorte de vers géant, rampant rapidement dans leur direction. Il n’avait rien d’amical et sa bouche circulaire, remplie de dents, ne le rassurait pas.
Les deux premiers virages passés, Rusky trébucha et s’étala de tout son long dans le couloir. Lotpak, par réflexe, stoppa sa marche en avant et revint sur ses pas. Rusky était déjà debout quand il arriva à sa hauteur et c’est elle qui lui passa devant sans même lui lancer un regard.
Perdant leur avance, le vers géant grignotait du terrain, il n’était plus très loin derrière eux. D’une extension quasi désespérée pour attraper ses proies, le ver bondissait en leur direction, la fin semblait proche !
Lotpak attrapa Rusky par la hanche d’un bras et plongea sur la droite ou une porte venait d’exploser. Des escaliers descendaient et ils comprirent que leur porte de sortie pourrait se transformer en piège. Descendant les marches quatre à quatre, ils se retrouvèrent une centaine de mètres en dessous de la surface. Les bruits et grondements ne se faisaient plus entendre et Arold confirma que le ver avait continué sa course en avant.
Après des heures à parcourir ce labyrinthe de couloirs, une façade encore inconnue, apparut devant eux. En son centre, une entrée voûtée était ornée de sigles inconnus. C’était l’entrée du « sanctuaire oublié », Lotpak en était sûr !
En entrant, Arold éclaira ses projecteurs latéraux et fit découvrir la splendeur du site qui se trouvait devant eux. Il n’y avait qu’une seule pièce, il ne semblait pas y avoir de portes sur les façades, les parois murales étaient couvertes d’écritures mystérieuses, de symboles et de dessins colorés; c’était magnifique. En son centre, un autel semblait trôner majestueusement; il était couvert de dessins représentant parfaitement une carte. Rusky se sentait attirée, malgré elle, vers ce parfait chef-d’œuvre et y posa une main dessus sans que Lotpak n’eût le temps de l’en empêcher.
D'un coup, Rusky eut d'innombrables visions qui lui parurent durer une éternité. Elle ressentit l’univers, vit défiler les étoiles, vola autour de toutes sortes de planètes. Elle voyait des paysages magnifiques, mais aussi des scènes désastreuses, des mondes transformés en brasier, des cadavres d’espèces différentes qui recouvraient des plaines immenses. C’était un mélange de plénitude et de douleur.
Après avoir raconté son expérience à Lotpak, celui-ci comprit très vite que l’aide de Rusky serait cruciale. Il fallait qu’ils quittent à présent cette planète sans tarder. Avec l’aide d’Arold, qui avait mémorisé les chemins précédemment empruntés, ils n’eurent aucun mal à sortir de la forteresse et à rejoindre le vaisseau pour repartir.
Après ce qu’elle lui avait raconté et toute cette furie qui s’était déchaînée sur la planète Wilder, tellement de choses restaient encore à découvrir. Pourquoi cet acharnement des SAPIK? Quel était leur but? Pourquoi utiliser un virus sur Wilder et détruire d’autres mondes?
Lotpak découvrait de nouveaux indices mais plus il avançait dans la résolution du mystère entourant l'empire SAPIK, plus les réponses semblaient s'éloigner...
Dernière mise à jour